1785. Jean de Kervadec revient en Bretagne, après trois années passées en Amérique à la recherche de son frère. Et il y retrouve son aîné, marié à Maria, la femme que lui aime ! Rapidement, Jean repart sur un navire qui pratique la traite négrière. Ecœuré par l’horreur de la situation, il rejoint un corsaire célèbre, le Danois. Naviguant dans l’Océan Indien, il se retrouve au cœur de la guerre de colonisation de l’Inde. Début 1789, des nouvelles inquiétantes de France lui parviennent et il décide enfin de rejoindre Maria.
La suite des aventures de Jean de Kervadec ne déçoit pas, confirmant les impressions du premier tome. Avec cette trilogie, Christian Léourier réalise le tour de force de parvenir à traiter de la France au temps de la Révolution sans jamais y situer ses personnages. Le héros évolue dans un monde – d’abord les Etats-Unis, ici l’Afrique et l’Inde - en effervescence, fait d’inégalités et de guerres de pouvoir. Ce procédé très intéressant, complètement original, relativise et valorise en même temps l’impact de la Révolution Française. Au contact du Danois, principale figure tutélaire, Jean prend confiance en lui, choisissant (toujours le libre-arbitre…) de suivre son cœur : il préfère être corsaire et voler les riches que devenir négrier en toute légalité. L’écriture est parfaitement maîtrisée, la construction par épisodes, sur un rythme soutenu, similaire à l’opus précédent. On regrettera peut-être la relative confusion de la guerre indienne, mal connue, et qui aurait pu être expliquée alors qu’un glossaire des termes de marine, des cartes et des notices biographiques de personnages historiques complètent déjà le roman. A chaque fin de tome, Jean revient en France pour mieux en repartir. Qu’en sera-t-il pour la suite et fin ?

Sophie Pilaire