Clic et Cloc

Deux œufs sur une branche, deux oiseaux éclos, deux noms : Clic et Cloc. L’un est grand à long bec, l’autre est petit, au bec court. Mais au début, on ne sait pas qui est Clic, qui est Cloc, tant ils se ressemblent dans leur amitié.

Un jour Clic, le grand, cherche Cloc, le petit, disparu. Estelle Billon-Spagnol dessine la fébrilité de la disparition. On voit Clic se démultiplier dans la page, de droite, de gauche, de haut, en bas, avec d’autres animaux inquiets, indifférents, incrédules. La réaction des fourmis qui disent « si tu n’es pas avec Cloc, c’est que tu n’es pas Clic ! » fait basculer la réflexion : « On ne voit jamais Clic sans Cloc ! On ne voit jamais Cloc sans Clic ! Qui es-tu ? QUI ES-TU ? »

La question de l’identité ainsi posée, évolue lorsque Clic retrouve Cloc, mais, horreur, HEUREUX avec d’autres ! Avec beaucoup de délicatesse, l’auteure-illustratrice montre les ravages de la jalousie. Le dépit, la fin de l’estime de soi, et même une tentation mortifère habitent Clic. C’est Cloc qui va sauver la situation en faisant valoir l’enrichissement réciproque qu’apporte la vie que chacun vit de son côté. La conclusion retrouve l’euphorie de l’état initial : l’amitié c’est la liberté. Se retrouver pour l’échange et partager le plaisir construisent le lien authentique où chacun peut respirer.

Très simplement dessiné, dans un joli décor noir et blanc où seuls les oiseaux sont identifiés par la couleur, ce récit alerte est une leçon de vie bien élégante, sans moralisme ni pesanteur, manière pour chacun d’apprendre à s’envoler…