Comme un coquelicot

Viendra, viendra pas…La mère de Mathilde est loin, en maison de repos et ne donne pas beaucoup de nouvelles. Mathilde espère toujours voir sa mère revenir auprès d’elle et de son frère, qui est momentanément en pension. Viendra, viendra pas…Ces mots trottent dans la tête de la jeune fille. En attendant, elle vit dans un hôtel à moitié désert avec celle qu’elle appelle Tante Jeanne. Les touristes se font rares, les journées sont longues. Il y a des moments où Mathilde a l’impression d’être au bord d’un grand trou noir, morte de peur, en proie au vertige. Parfois des angoisses l’oppressent, l’empêchent de dormir ; alors, elle s’invente des histoires merveilleuses, compliquées ou effrayantes selon son humeur. Ainsi, elle a l’impression d’exister, le temps de ses rêves. Elle aimerait revoir sa mère mais d’un autre côté, elle ne souhaite pas quitter son nouveau foyer, la campagne et surtout Kim son amie vietnamienne. En fait, Mathilde imagine que le bonheur n’est pas pour elle. Malgré son jeune âge, elle se sent déjà lasse de la vie, fatiguée quand elle pense à son avenir. Lorsque Kim part aux Etats-Unis, son désarroi s’accroît encore. Elle n’a qu’une envie, dormir longtemps, très longtemps…Heureusement, Tante Jeanne est là, veillant sur Mathilde qu’elle finira par adopter. Tout en délicatesse, « Comme un coquelicot » a le charme doux-amer des premières souffrances, la mélodie des blessures profondes. Marie-Florence Ehret nous place au cœur de la vie, de celle qui donne des coups durs. Il y a du silence et de la douleur dans ce livre-là, qui réussit à rendre palpable la solitude des personnages.