Contes d'un roi pas si sage

Le jeune roi Artégan règne sur un royaume fort bien administré. Un jour cependant, il éprouve la brièveté du jour. Par décret, il exige que la journée soit plus longue de deux petites heures. Hélas, ni le soleil ni la lune ne lui obéissent. Ni le pêcheur, ni le professeur, ni le jardinier n’y peuvent rien. Ainsi faut-il apprendre, même roi, à distinguer l’ordre du monde, le temps planétaire et l’usage qu’on en fait.

Artégan a maintenant appris à apprivoiser le temps. Pourrait-il dominer l’espace ? Pour cela, suffirait-il de rendre cette domination sensible aux yeux des autres par la construction de la plus haute tour ? Avec servilité et compétence, les architectes, bâtissent une tour. Ouf, Artégan est un grand roi, son royaume est plus fort que celui d’Azélia, la reine, sa cousine. Mais voilà que vient de chez elle des bateaux plus grands, plus riches que les siens… Qu’à cela ne tienne, les sujets du royaume d’Artégan peuvent faire mieux encore. Quand arrive la nouvelle des armées levées par Azélia, Artégan fait forger les armes et mobiliser les troupes. Pourtant, au moment d’ouvrir les hostilités, Artégan fait, enfin, preuve de sagesse.

Fils d’Artégan et de Gayanée, Félix, le bienheureux, doit un jour devenir roi à son tour : comment élever un petit roi ?

Ces trois contes remplissent avec beaucoup d’esprit, cette fonction ancienne de la littérature de jeunesse, l’apprentissage de la vie sociale et des règles de sagesse humanistes qui organisent l’existence. Pour les enfants-rois de notre époque Christiane Roman et Clémence Pollet imaginent des contes hors du temps. On s’amuse de voir la tour se construire, proche des architectures de gratte-ciel. La fraîcheur acidulée des couleurs sur le blanc de la page donne un sentiment de franche liberté et de respiration autour des personnages figés. L’exemplarité des personnages - le jardinier, le pêcheur, le roi, la reine, l’astronome - attache l’enfant, n’importe lequel, à tout ce qui fait la vie humaine : la filiation, le lien avec le cosmos dans un espace-temps donné d’où le sentiment d’universalité de ces histoires pour les petits princes (et princesses) d’aujourd’hui. Texte et images jouent sur l’intemporalité pour créer un vrai plaisir de lecture.