Coups pour coups

Quentin, 11 ans, travaille mal à l’école et se bagarre tout le temps. Il a peur, peur de son père, mécanicien de l’armée qui ne jure que par sa belle voiture. La mère de Quentin s’efface devant ce monstre de mari, tandis que sa petite sœur, Charlotte, ne comprend pas ce qui se passe. Il faudra toute la compréhension amicale d’un garçon de sa classe, Tom, et aussi que le père dépasse les bornes, pour que Quentin ose appeler à l’aide.
Des romans sur l’enfance maltraitée, il en existe un certain nombre. Coups pour coups a pour lui sa brièveté, son aspect très direct – le lecteur comprend immédiatement de quoi il retourne – et sa volonté consciente ou non de servir d’exemple. En le lisant, grâce au personnage-clé et pourtant peu approfondi de Tom, on se sent impliqué. Quand les adultes ferment manifestement les yeux sur ce qui leur fait peur, les plus jeunes peuvent encore agir, à leur manière. Le soutien inattendu, discret mais têtu de Tom va redonner confiance au narrateur Quentin. Il va oser penser, si ce n’est pour lui, au moins pour sa petite sœur, qu’un enfant a des droits y compris vis-à-vis de l’autorité parentale. Le changement se fait sans déclics, par petites touches et évocations pudiques (par exemple, les poupées de Charlotte qui se battent à la place des parents). L’écriture sensible touche juste, sans insister sur des scènes dures mais en créant simplement l’émotion par le choix des mots. A lire, et c’est en soi très intéressant, à partir de 10 ans. Reste pour les lecteurs adultes l’arrière-goût amer de l’absence d’intervention : directeur de l’école, dame de service, père de Tom, assistante sociale, tous auraient pu deviner le secret de la famille, comme le montrent les passages de leurs monologues intérieurs.