Dans les bois

Les intentions de Martine Perrin sont claires : « Proposer (aux enfants) de regarder autrement avec des formes et des couleurs, des trames et des surfaces, des pleins et des vides. » C’est ainsi qu’elle explore l’univers en décomposant en formes simples et en couleurs vives les situations de vie qu’elle aménage pour les tout-petits. Car les découpages qu’elle construit à l’usage des jeunes lecteurs s’organisent par thème. Dans les bois présente, comme le nom l’indique, la faune familière des forêts. On pourrait donc penser à un imagier.

Toutefois, l’intelligence de la présentation est de positionner par paires des animaux antagonistes. Dans un décor vert et roux, le lièvre à travers les fougères aperçoit le renard. Le coucou, par le trou en amande de l’arbre, veille sur le hibou. Les mulots observent avec inquiétude le blaireau qui déboule dans la galerie. Le hérisson se cache sous les ronces, observé par le faon. Ces face-à-face plus ou moins heureux s’opèrent de part et d’autre d’une page découpée avec laquelle les animaux jouent à cache-cache. Pour les enfants, le livre s’anime et ce jeu de cache-cache peut mettre en place le ressort essentiel d’un drame ou d’une comédie à inventer. Comme dans ses ouvrages précédents, les dernières pages forment une sorte de memory, excellente occasion de reprendre les histoires.

Dans cet ensemble homogène de situations et d’animaux des forêts, on est un peu étonné de voir apparaître le loup si rare chez nous. Il effraie un marcassin. Des bottes d’enfant disputent des cèpes aux limaces et on quitte le milieu animal sans grande nécessité mais peut-être pour ramener ce monde étrange au niveau des enfants. Joyeusement mis en scène, les animaux « dans les bois » séduiront les jeunes lecteurs.