De chair, d'os et de verre

Quel point commun entre la précieuse Envolée de Baptistine Mésange, l’inquiétant De chair, d’os et de verre de Laura Schneider, ou l’étrange Mélodie pour un poisson de Léo Méar et plusieurs autres titres ?

Ce sont tous des livres d’artistes et tous obéissent à une contrainte : tenir dans une feuille A4 ou A3 et se découvrir par « dépliage » de quatre ou huit images.

Chaque couverture classique avec titre et nom d’auteur donne le la : la fantaisie sombre de Bicycle de Marine Scherer ou celle lumineuse de Raymond le cochon-volant. Puis on ouvre. Deux pages initient un récit plus ou moins explicite. Ainsi sur la couverture de Désir de Fernanda Staude, un garçonnet regarde un ballon rouge ; page intérieure il tient le ballon et une fille en tient un bleu ; page dépliée, le ballon rouge lâché est visé par une troupe d’enfants, cela fait histoire. Au regardeur de compléter les blancs de la narration.

D’autres livres présentent une histoire plus lâche : Les petits riens de Dorothée Richard présente une architecture austère, où s’accumulent des objets épars, vêtements gaiement colorés mais abandonnés dans une atmosphère un peu glauque de cinéma américain. Au lecteur d’inventer l’histoire.

Tous ces livres ont le mérite de déconstruire les habitudes de lecture. Passer du feuilletage au dépliage installe un autre rapport à l’objet. Ensuite, ils mettent à disposition de tous des univers d’artistes très différents : format - presque - unique et univers multiples, c’est le propre de l’art pour une découverte stimulante de jeunes talents.