Agathe en a marre de la crise, ce mal insidieux qui rend les gens tristes, mornes et sans espoir. Dans sa cité, même les feuilles des arbres refusent désormais de pousser. Devenue orpheline, la petite habite avec son oncle Jean. Mais depuis son licenciement, ce dernier retient ses « larmes coincées dans son nœud de cravate ». Rongé par la culpabilité, il erre seul dans les rues désertes en rêvant d'être « dompteur de papillons » ou « facteur-farceur ». Seul à lutter contre cet énorme fléau social, oncle Jean se rend rapidement compte de son impuissance. Pendant ce temps-là, Agathe dépose un doux baiser sur le front d'un garçon endormi. Un regard a suffi pour que renaisse l'espoir. Les deux jeunes gens accompagnés d'oncle Jean deviennent « écouteurs de rêves », remède efficace et pas cher pour lutter contre la grisaille ambiante.

La crise ici frappe de plein fouet. Comme une maladie contagieuse insidieuse, elle marque son passage d'une couleur grise et terne, privant les habitants de la cité de couleurs. Désormais, ils broient du noir. Les mets sont devenus plastiques et les vivants presque morts. La vie, petit à petit, déserte les lieux. Il s'en est fallu d'un cheveu pour que le mal l'emporte. Mais la crise déteste les rêves d'enfants qui se montrent ici encore plus fort qu'un désert social. Un récit important sur un sujet crucial porté par des illustrations fantastiques et poétiques.

Emmanuelle Pelot

Présentation par l'éditeur

Ce matin-là, Agathe ouvrit ses paupières avec résignation. La crise, la crise, la crise : tout le monde n'avait que ce mot à la bouche. Une à une, les usines fermaient. Les vitrines des magasins se fanaient. Le coeur des gens s'endormait sous la poussière. Même les arbres des squares n'avaient plus la force de fabriquer de nouvelles feuilles.

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