Des bleus au coeur

Soeurs jumelles, Rebecca et Hephzibah vivent un enfer depuis leur enfance, maltraitées par leur père, par ailleurs vicaire appréciée de sa paroisse, et ignorées par leur mère, autre victime qui a le tort de se taire. Un drame est survenu, Hephzibah est morte. Rebecca, la moins belle – elle a une malformation au visage – et la plus stricte des deux filles, tente en secret de se constituer un avenir sans « Les Parents ». Elle revient sur les événements...
Bien vite, le lecteur comprend la réalité sordide qui s'est jouée, l'enjeu du livre étant alors d'approfondir le caractère de chacune des sœurs. La construction alterne en effet présent avec la narratrice Rebecca (« après »), et passé avec Hephzibah prenant la parole (« avant »). Ce dont il est question est en soi déjà suffisamment glauque pour que l'auteure ne fasse que suggérer des scènes qui auraient pu s'étirer en longueur et en horreur. L'écriture est d'ailleurs fine, entre Rebecca cherchant sa jumelle, menaçant quelque part de devenir folle, et Hephzibah s'illusionnant sur les possibilités offertes par l'amour que lui porte un jeune homme du lycée. Malgré des scènes parfois apaisées ou simples, il n'en reste pas moins qu'un puissant sentiment d'effroi s'empare du lecteur tout du long du roman. A réserver à un public amateur de « témoignages » poignants.