Ecoute mes lèvres

Cathy, dite Cat, est sourde depuis une méningite dans son jeune âge. Elle vit dans un institut en Californie. A 17 ans, elle est signeuse (elle utilise la langue des signes), par opposition aux oralistes qui lisent sur les lèvres. Les deux clans s’affrontent à l’institut. En prévision de sa vie dans le monde extérieur, poussée par son amour pour un jeune oraliste et malgré la désapprobation de sa meilleure amie, Cathy se retrouve à défendre devant toute l’école la « communication totale » qui transcende les dissensions entre les personnes sourdes. Il faut s’unir pour se faire accepter dans le monde des entendants, tel est le message qu’elle va (difficilement) parvenir à faire passer.

C’était un peu une gageure pour l’auteur de faire évoluer et bien sûr parler des personnages sourds comme s’ils entendaient, en différenciant langage des signes, langage oraliste et cette fameuse « communication totale ». Et pourtant, tout se fait très naturellement, le lecteur suit l’histoire de Cat sans problème. Au contraire, le fait d’être complètement plongé dans l’atmosphère de l’institut des jeunes sourds, additionnée au fait que Cat soit la narratrice, amène une proximité si forte que l’on oublie parfois le handicap de ces adolescents. Amis, amoureux, attentifs aux modes, plus ou moins rebelles contre les adultes, ce sont des jeunes comme les autres. Evidemment, le cœur de l’histoire nous rappelle à la réalité. On apprend énormément avec Ecoute mes lèvres, à la fois des éléments pratiques sur la vie quotidienne, mais aussi sur la souffrance de la différence, les espoirs, les limites. Un beau roman fin et grave. L’auteur, Tchèque émigrée en Angleterre (déjà deux langues !), a une sœur et un frère atteints de surdité.