En compagnie des ours, douze histoires en attendant le printemps

Soit un ours ! On connaît l’ours. Gourmand, puissant, naïf. Hiberner avec les ours, un rêve ? Alex Cousseau décline les possibilités offertes par ce personnage littéraire et populaire pour passer le temps. L’histoire initiale, L'enfant qui adorait les histoires, présente une réflexion sur l’écriture à partir du conte : commencer ou non par « il était une fois… » ; finir mal, oui ou non ? L’auteur regarde par-dessus l’épaule de l’écrivain en herbe. Il l’accompagne dans ses débuts d’histoire, moqueur et tendre. Quelle que soit la fin, « à chaque fois le printemps revient… ». Cette morale où cohabitent poésie, optimisme et fantaisie imprime sa marque à tout le recueil.

Toutes les nouvelles sont construites autour d’un ours qui porte un prénom, Sergi, Ralph ou Swann. Comme dans les binômes imaginatifs de Gianni Rodari, à ce prénom est associé une caractéristique, un défaut, un objet qui personnalise le personnage et lui donne corps. Ainsi, Magnus est gourmand. Normal pour un ours, mais gourmand de tartelettes au citron « avec des petits morceaux de citron confit à l’intérieur », cela étonne. Lorsqu’il en compte dix-neuf et en avale vingt, il s’étonne. Et quand sonne le téléphone qu’il a avalé par mégarde, alors le délire s’empare de l’histoire pour le plus grand plaisir du lecteur.
Swann pour réjouir ses amis veut préparer des tartes aux myrtilles mais la difficulté pour les ours, c’est d’acheter la farine, le beurre, les œufs au supermarché. L’auteur engage alors son personnage dans des péripéties aussi loufoques que logiques : au supermarché, l’ours affole tout le monde et un gendarme arrive. Le comique de situation est assuré.
D’autres histoires sont bâties sur des malentendus. Sergi, l’ours pyrénéen, reçoit une invitation. Son cousin, de l’autre côté de l’Atlantique, fête son anniversaire. Il décide donc de traverser l’océan pour se rendre à cette invitation qui l’enchante. Traverser la mer avec des bottes lui paraît donc naturel. Une chose le trouble, la lettre est adressée à Jules ! Pendant qu’il nage, il comprend sa méprise. Cette invitation n’était pas pour lui.
D’autres encore sont fondées sur des jeux de mots. Que ce soit Takyo, l’ours élégant qui a honte de ses poils mais parle avec un poil sur la langue ou que ce soit Max/Angus qui s’aperçoit qu’avec les mots on peut « transformer la rage en courage ». Comique du langage et force des mots s’illustrent là.
Ces pépites langagières sont renforcées par les illustrations qui ouvrent les histoires : papiers découpés, formes simples tracent de l’ours un portrait bonhomme, un peu ridicule comme celui de l’ours qui prenait son tabouret pour un cheval.

Avec tant d’habileté et d’humour, ces douze petites histoires peuvent être lues comme une succession de gags, comme un art poétique, voire comme un art de vivre puisque le printemps arrivera !