Energies, circulez ! : le système des méridiens

Connaître son corps, le ménager, le stimuler, le soigner, quel beau programme d’éducation pour des enfants. Laisser la place à une approche différente du soin, une autre écoute des maux du corps et de l’esprit, voilà l’objectif de cet ouvrage. L’auteur, médecin pluridisciplinaire, y présente la théorie des méridiens qui sillonneraient notre corps pour l’alimenter en énergie vitale.

Si l’hypothèse est séduisante, il faut pour la prouver d’autres arguments que de simples assertions : pour l’instant, la présence de ces méridiens reste de l’ordre de la croyance, même si celle-ci fonde la médecine orientale qui existe depuis des siècles et des siècles. Mais comme le reconnaît l’auteur, les savants chinois qui se sont posé la question du mouvement sans fin de l’énergie vitale en sont restés à des interprétations. « Selon eux, c’est un mouvement sans fin entre deux pôles, le Yin et le Yang. »

Suivent des exemples censés étayer la théorie : au pôle Yang « s’accumulent la chaleur et la sécheresse, sa saison est l’été, il correspond au jour », le pôle Yin c’est l’humidité et le froid, l’hiver, la nuit. Dans le corps humain, l’énergie « suit les saisons, le jour et la nuit, l’horloge. Le matin elle circule le long des méridiens de l’avant du corps. Elle passe ensuite par ceux de l’arrière du corps ». L’emploi du présent ne sert que les intérêts des parents qui souscrivent eux-mêmes à cette idée. La simplification est extrême et nuit au sérieux du sujet.

En nos temps de remise en question, de doute, de rejet de tout ce qui est différent, en particulier en matière de préservation de la santé et de la vie, il est indispensable d’aller au-delà d’une simple affirmation. Si l’on songe que, toujours dans la tradition orientale, le Yin représente l’énergie féminine et le Yang l’énergie masculine, la dérive interprétative est encore plus à craindre.

Et ce d’autant plus que l’on s’adresse à de jeunes enfants. L’ouvrage aurait pu explorer plutôt la théorie afin de laisser le lecteur juger de son intérêt, réel, et de l’efficacité de ses méthodes, constatée. Puisque l’enfant ne choisit pas comment on va le soigner, peut-être eut-il été plus intéressant de lui exposer l’aspect complémentaire de cette approche par rapport à la médecine occidentale, traditionnelle elle aussi, en insistant sur la présentation historique de la théorie, étayée d’exemples concrets. Mais il est vrai que l’ouvrage est destiné à de jeunes enfants, illustrations à l’appui ; peut-être qu’en s’adressant à un public adolescent, l’auteur aurait-il eu une approche différente ?