... Entre nous : bébé signe

Entre nous… une petite photo de format carré, en noir et blanc, parfois légèrement teintée, présente un enfant. Il fait un signe ou plus exactement il « signe », c’est-à-dire qu’il montre en langue des signes un mot écrit en capitales d’imprimerie et repris, explicité par une autre photo pleine page.

Le thème « entre nous » est développé dans une petite centaine de mots où l’on voit des sentiments (la peur ou le verbe aimer) ; des objets (la sucette, le doudou) ; des animaux (la coccinelle, l’escargot ou la poule) ; des verbes (jouer, manger). Le monde s’ordonne ainsi peu à peu au gré des expressions et des situations. Il se dégage de cette succession de photos d’enfants cadrant tantôt les visages, tantôt les petites mains potelées, un sentiment de joie. Comme le dit Boris Cyrulnik dans sa préface, il n’est point besoin de parole pour qu’il y ait de la pensée et on voit que sans parole – puisque ces enfants ne « parlent » pas – ils sont dans le langage, dans la communication, dans l’expression. Les signes antonymiques (dur/doux, chaud/froid) rendent visible les sens opposés dans une corporéité, un mouvement qui donnent envie d’apprendre la langue des signes, puisque la vue et le geste suppléent si bien le son !

Utiliser les ressources de la photographie pour un imagier est une pratique qui sans être fréquente est appréciée des enfants et bien utilisée avec des petits. Associer le langage des signes et celui de la photo dans un livre accessible et intéressant pour tous, sourds ou non, est une vraie démarche inclusive où tous les enfants sont traités à égalité, dans l’intérêt de tous. Le soutien d’Emmanuelle Laborit, comédienne, ou de Geneviève Maccio, éducatrice, apporte une contribution qui souligne l’importance de ce livre. La qualité des photos, la tendresse qui se dégage des petits gestes enfantins parlent d’elles-mêmes pour offrir à cet album toute la place qu’il mérite, en lecture autonome, en tête-à-tête avec un adulte ou dans les accueils collectifs d’enfants.