Épicentre

Youlie est un curieux personnage. Elle fait trembler la terre et a une apparence étrange qui provoque rires et moqueries. Sous l'œil gauche, Youlie a une tache velue, « une touffe incongrue » qui est aussi « une parcelle de rousseur douce ». Tout dépend du regard que l'on porte sur elle. Dans cette pièce de théâtre très courte, souffle un vent violent. Youlie, c'est la tempête qui arrive lorsqu'elle est en colère, ou plutôt un vrai séisme. Nul besoin d'effectuer des recherches, l'épicentre se trouve aux pieds de cette petite fille, âgée de 6 ans lorsque s'ouvre le rideau. Elle voudrait que son père la voie, réellement, vraiment. Ce qui est loin d'être le cas. « La terre gronde si puissamment qu'elle engloutit papa, qui disparaît. C'est moi ? C'est moi qui ai trop creusé ? » Commencent alors les questionnements et les recherches. Youlie grandit avec ses interrogations et ses manques. Sa mère Lana est une petite renarde devenue femme, qui a ensuite été délaissée. Lana meurt. Voilà Youlie seule, enfin pas tout à fait car arrive Ewan, le garçon roux, qui a envie d'être auprès d'elle. Ces lignes sont habitées par la violence de l'enfance, du rejet, des éléments, de la terre qui attire et engloutit mais qui donne aussi des forces. Très beau, ce texte dit beaucoup de choses sur la famille, ce qui aide à grandir et se construire, sur les épreuves, et aussi l'amour.