Être féministe, pour quoi faire ?

Comment expliquer aux jeunes ce concept déjà ancien mais toujours aussi controversé, puisqu’il s’agit somme toute de libérer l’humanité du joug patriarcal ancestral ? Rien n’est acquis parmi les adolescent·es auxquel·les est destiné ce bref essai. Contesté, vilipendé, ses partisan·es conspué·es, menacé·es, poursuivi·es, le féminisme doit sans cesse se justifier, s’expliquer. Résister.

Camille Froidevaux-Metterie s’y emploie avec pédagogie et sans détours. Comme les quatre quarts d’un cercle, sa démonstration rappelle 1) comment les femmes sont objectivées dans leurs tâches reproductrice, domestiques et sexuelles dans un univers dominé par le principe de supériorité du masculin ; 2) comment elles luttent pour s’extraire d’abord de l’assignation domestique et 3) de celle d’objet sexuel, en reprenant le contrôle de leur corps, physiologique et symbolique. Enfin, quatrième et dernier quart, puisque c’est bien le sexisme qui réduit les êtres, la philosophe persiste : il faut démonter sans relâche les mécanismes d’un système qui limite, contraint, dans la violence et le fanatisme les femmes, les hommes et tout·es celleux qui s’écartent de la norme. Un combat de libération tellement actuel et âpre que les féministes, celles et ceux qui croient à la fluidité des possibles, mènent pourtant dans la non-violence, mais sans se laisser réduire pour autant par les diverses politiques régressives et les opinions réactionnaires. Une démonstration limpide et salutaire.