Fleur de coton

Mai, Virgile et Auguste, leurs parents sont esclaves à la plantation de coton de Monsieur Lapardieu. Nous sommes en Louisiane française, au tournant du XIXe siècle. Mai est heureuse, très fière ! C’est elle qui cette année-là, au petit matin, annonce l’éclosion de la première « fleur de coton ». En principe, cela vaut à celui qui fait l’annonce, une pièce d’or. Mai a anticipé cette aubaine, elle rêve de ce qu’elle va pouvoir en faire comme Perrette avec son pot au lait. Or, Monsieur Lapardieu lui refuse, violemment, l’attribution de cette pièce qu’il accorde, de façon incompréhensible, à son frère Virgile. Toute l’intrigue est dédiée à l’élucidation de ce mystère : pourquoi Monsieur Lapardieu a-t-il agi ainsi ? Pourquoi la mère de Mai est-elle bouleversée ? Cette énigme amène le lecteur à la découverte de la société coloniale, du travail, des relations de pouvoir, de dépendance, à la place des femmes. Dans cette société très chrétienne, l’animisme et la voyance s’incarnent dans le personnage de Mama Simone, accoucheuse au sens propre et au sens figuré puisque c’est par elle qu’advient le futur.

Pour cette petite collection de romans historiques et sociaux, Corinne Albaut maîtrise les règles du récit : les personnages sont bien dessinés, quoique un peu stéréotypés, le contexte est plausible, et permet la découverte d’une réalité vraisemblable sans caricature. Sans être pleinement palpitant, on suit avec tendresse Mai qui se cogne aux réalités sociales qui la dépassent et les jeunes lecteurs seront sensibles aux injustices qui la briment.