Grace Divine

Dernier tome d’une trilogie de loups-garous (ex-anges déchus), Grace Divine ne se laisse pas comprendre aisément si on n’a pas lu les ouvrages précédents. Fille d’un pasteur et d’une mère au foyer, Grace défend son amoureux Daniel, pour l’instant prisonnier sous sa forme de loup. Elle doit le protéger de Caleb, Roi des Ombres, peut-être de son frère adoré Jude qui l’a trahie, sûrement de son ancien ami Talbot. La narratrice de ce sombre roman lutte elle-même contre le loup colérique qui habite son inconscient. Jeune fille sage qui s’appuyait sur ses proches, elle devient ici active, « alpha » de sa meute.
Le roman fourmille de rebondissements et de retournements de situations, comme si l’auteure voulait boucler toute son histoire en 450 pages. C’est bien, on évite l’effet de dilution exaspérant. C’est dommage, car les psychologies des personnages, évacuées à la va-vite, y perdent. Sur ce point précis, Bree Despain compte sur les acquis antérieurs de la série, et ne fait ici pas vraiment évoluer ses héros, à l’exception de Jude. Par conséquent, ce roman fantastique ressemble à d’autres, alors que la collision entre le cocon initial de l’héroïne et l’univers violent des loups-garous promettait une certaine richesse narrative (contenu, et forme aussi). Il y a quelques aspects pseudo-religieux qui ont du mal à s’amalgamer au protestantisme de Grace, il est beaucoup question d’ « alpha » et de charisme. Retenons l’éternelle lutte entre le bien et le mal qui finit positivement, sans que rien ne soit toutefois jamais stabilisé. Mais alors, tout se passe comme si l’effet Twilight avait inhibé l’auteure, qui n’ose pas décoller d’un certain déroulement canonique des événements… Dark Divine, premier opus, reste le plus passionnant des trois livres.