How to love

A dix-huit ans, Serena travaille dans le restaurant de ses parents, a des envies d'université et d'écrivain voyageur, et une petite fille de deux ans, Hannah. Si sa famille catholique accepte plus ou moins sa maternité précoce, son quotidien s'est stabilisé. Revient alors de nulle part Sawyer, le père d'Hannah, ami d'enfance et intime de la famille de Serena...

En chapitres de quelques pages, le roman adopte une construction alternant entre « avant » (au passé, classiquement) et « après » (au présent) la naissance. Des effets d'attente se génèrent d'un bloc de texte à l'autre, et, curieusement, l' « avant » n'est pas toujours le plus éclairant. En effet, le départ de Sawyer qui ne savait pas la grossesse d'Hannah cache des secrets – addiction aux drogues, décès d'une amie - qui ne pourront être résolus que dans l' « après », c'est-à-dire maintenant. Afin de construire un futur ouvert, tout cela restant très logique.
La narratrice Serena, Reena, est excessivement touchante, traduite avec beaucoup de naturel dans son quotidien de jeune fille presque lambda. Des aspects culturels proprement américains marqueront le lecteur européen : université seulement accessible aux plus doués et aux plus riches, religion très présente sans empêcher un mode de vie moderne, repas entre les parents avec vins et fromages français... L'importance de la famille est palpable ; c'est ainsi que la culpabilité (déplacée) de Reena déborde de toutes les pages, entremêlée de colère retenue envers Sawyer le fils prodigue.
Au final, un roman agréable et très émouvant, qui pose moins la question de la maternité d'une toute jeune fille qu'il n'expose la psychologie bouleversée d'adolescents à l'amour contrarié.