Ici c’est chez moi

Un bel album, simple pour un très jeune public. Peu de texte, un graphisme qui se rapproche de celui des enfants. Le tracé sobre est cependant expressif et agréable. Un petit garçon trace une ligne, à la craie sur le sol et s’installe derrière. A partir de là il n’est pas question qu’un intrus se risque à franchir la séparation. Hélas toutes sortes d’indésirables n’ont pas compris la consigne et se permettent de dépasser la zone interdite : un escargot, une branche d’arbre, des nuages, un lapin …Le petit personnage fronce les sourcils, il n’est pas content et se fâche.
Arrive un autre enfant, de sa taille qui, devant la frontière s’arrête et fait demi-tour. Cela fait réfléchir le bonhomme qui efface la limite de craie et court derrière celui dont il va faire son ami. Les notions de tolérance, de partage sont ainsi abordées sans jamais recourir à un discours moralisateur.

Seconde critique :
Chez Autrement jeunesse, Jérôme Ruillier revient avec un album encore réussi où il est question de propriété et de territoire. Sur de grandes pages aux fonds colorés, un personnage s’applique à tracer un trait à la craie sur le sol. On pourrait croire à une frontière symbolique, mais elle a tout son sens pour ce petit garçon. « Ici c’est chez moi », précise-t-il ! Assis devant sa ligne, il s’en fait le gardien et veille. Mais la nature ne prend pas garde à ce trait éphémère. Un escargot, une branche, un nuage, une feuille, un lapin traversent tour à tour sa ligne blanche et, contrarié, il les repousse comme il peut, marquant à nouveau son territoire. Arrive alors un petit personnage semblable à lui qui tournera les talons une fois arrivé à cette frontière.. Et le geste aura un effet immédiat auprès de notre personnage central… Avec une économie de moyens et toujours autant de maîtrise, Jérôme Ruillier réussit à évoquer non sans humour et intelligence la notion de frontières. On apprécie toujours autant.