Il va neiger !

Le nez en l'air, un facteur, un fermier et un policier sentent la neige arriver. Et juste au moment où personne n'y prête attention une ribambelle de flocons tombent du ciel en tourbillonnant. Pelle sortie, bottes aux pieds et manteau boutonné, nos trois lascars sont parés. Non loin de là, les enfants rient, dansent et tirent la langue pour attraper les flocons. Les lapins, quant à eux, se réfugient bien au chaud dans leurs terriers. Le sol change de couleur et d'aspect, la neige recouvre les maisons de son grand manteau blanc. Et soudain, on entend le chant des oiseaux, les vaches broutent à l'air libre et la femme du policier gratte la terre pour dégager les fleurs annonciatrices du printemps.

Alvin Tresselt (1916-2000), était considéré, à son époque, comme un auteur novateur. Il a créé son propre style appelé « d'humeur » qui privilégie cadre et description au détriment de l'intrigue et des personnages. Sa prose poétique est très appréciée par les enseignants américains et sera étudiée dans les écoles d'outre-Atlantique. Son comparse Roger Duvoisin (1904-1980) a reçu en 1948 la Caldecott Medal pour les illustrations colorées et presque sans trait de ce récit.
Il est des albums qui traversent le temps s'en prendre une ride, celui-ci n'en fait pas partie. La prose est certes travaillée, mais l'absence d'intrigue rend la lecture un brin lassante. L'exercice est très formel, sans fantaisie, reléguant le plaisir à son strict minimum. Si le texte nous laisse dubitatif, la qualité graphique, elle, est remarquable. L'absence de trait complétée par des touches de couleurs vives, presque exclusivement rouges et jaunes, confère à cette histoire hivernale une atmosphère unique, agrémentée d'un petit air vintage bienvenu.