Ils étaient cinq dans le nid

Dans cette collection si joliment nommée Les petits chaussons, l’illustratrice graveuse Julia Chausson et l’autrice Christine Beigel revisitent les plus célèbres comptines de France dans des formats cartonnés à la mesure des petites mains. Comptant aujourd’hui seize titres, de face ou de profil, les couleurs douces et fraîches des couvertures composent une bien jolie ronde, pour chanter et danser toute l’enfance et plus encore.

Pour chaque titre, Julia Chausson imagine un contexte illustré qui évoque graphiquement l’accompagnement gestuel inséparable de ces ritournelles chantées aux bébés. Les jeux de mains, ou mimes corporels, autrefois si bien illustrés par Philippe Dumas^[1], trouvent ici une nouvelle traduction pleine de fantaisie et d’humour. Une couleur dominante et un rehaut de contraste mettent en valeur les gravures sur bois, avec une succession de variations d’un même motif sur un plan fixe.

Dans cette nouvelle comptine illustrée par Julia Chausson, au sommet d’un arbre feuillu, ils sont cinq oisillons sur la branche, à la queue leu leu comme sur le tremplin de la piscine. Leur pose pataude, un peu empruntée, ne laisse pas de rappeler l’image des bébés chouettes de Martin Waddell. Certaines illustrations deviennent des souvenirs inoubliables, jusqu’à parfois imprégner l’imaginaire collectif. 

Les oisillons sont d’un joli rose, posés tout au bout d’un rameau vert, mais le plus petit rouspète : « poussez-vous / poussez-vous », de sorte que le plus au bord disparaît tout à coup. Le petit pépie encore et toujours, précipitant tour à tour les oisillons restants qui trébuchent, se jettent et s’élancent… Pour leur premier vol hors du nid. 

Mais qui va pousser le petit ?

^[1] Bruley Marie-Claire, Tourn Lya. Enfantines, jouer, parler avec le bébé. Ill. Philippe Dumas. L’École des Loisirs, 1988.