Je ne suis pas une fille facile

Malgré son jeune âge, Justine a du mal à compter le nombre de ses conquêtes masculines, à se souvenir de tous les garçons qu’elle a embrassés, de ceux qu’elle a laissés et surtout de ceux, plus nombreux, qui l’ont quittée. Elle embrasse comme elle se jetterait à l’eau, par désespoir, par manque, par besoin vital. Et pourtant, elle n’est pas une fille facile, ces mots la mettent d’ailleurs en rage quand sa sœur les prononce. Il faut dire que sa sœur Audrée, c’est tout l’opposé de Justine. Jeune fille rangée et sage, l’aînée est fiancée à un garçon tranquille et transparent. Justine est par contre vive et excessive, une ado qui a du mal à grandir. Personne ne l’aide aussi. Ses parents semblent ne rien comprendre à ses problèmes.

En phrases brèves qui laissent apparaître la situation d’urgence des personnages, Karine Reysset nous plonge dans un univers pas vraiment noir – car l’humour est omniprésent – mai plutôt gris. On est dans un entre-deux. Tout peut basculer dans le drame ou bien aller vers la lumière. Les personnages ont encore des cartes à jouer. Justine pleure plus qu’elle ne rit, n’a pas vraiment de copines et ne s’amuse pas beaucoup même si elle sort souvent. La note d’espoir qui arrive à la fin, vient d’une rencontre. Un garçon, un de plus, qui semble être capable de combler le vide qui est en elle. Il se présente comme un double, c’est Justine au masculin, un être tout aussi fragile, mais plus doué qu’elle pour prendre de la distance avec les choses de la vie.