Je suis le tonnerre

Incidemment, Tess découvre qu'elle n'est pas la fille de son père. Du jour au lendemain, son univers familier devient suspect, l'adolescente de 15 ans se sent comme une étrangère chez elle. Incapable de parler, elle se réfugie dans un mutisme total. Devenue muette, son amitié avec Isabelle (sa meilleure amie et confidente) s'effiloche jusqu'à la rupture. Des filles de son collège en profitent pour créer un blog particulièrement virulent à son égard. Seul M. Poisson Rouge (une lampe de poche) et sa grand-mère trouvent grâce à ses yeux. Pour apaiser ses démons et trouver la réponse à sa grande question, l'adolescente traque les hommes qu'elle croise sur son chemin pour déceler des traits physiques similaires aux siens. Le profil de Monsieur Richardson, professeur de mathématiques, semble correspondre parfaitement…

Annabel Pitcher signe un roman réaliste à l'écriture soignée qui aborde la délicate question de la filiation (Tess est née grâce à une insémination avec don de sperme). L'auteure explore les dommages collatéraux imputables à cette façon de donner la vie. L'adulte éprouve de la difficulté (sujet tabou que l'on garde pour soi) à éprouver de l'amour face à ce bébé issu « d'un autre ». L'adolescente ressent une absolue nécessité à renouer avec ses véritables racines, d'être reconnue par son « vrai père ». Tess souffre mais parvient à rebondir, notamment grâce à M. Poisson Rouge, la voix de sa conscience. Cette histoire, aussi douloureuse qu'elle soit pour les deux parties (parents et enfant), donne l'occasion de faire éclater la vérité, de repartir sur de nouvelles bases où l'honnêteté et le respect priment sur l'ego et le mensonge. Un récit remarquable dans la justesse de ton et la finesse d'exécution.