La dame aux Chamélias

Victime volontaire qui ne dit rien mais n’en pense pas moins, Armand est le meilleur ami de Flavie, autoritaire et bavarde. Un jour, la petite fille déguise son chat Bouillotte (une autre victime) et lui passe autour du cou le très cher bracelet offert par une affreuse grand-tante. Profitant d’une fenêtre ouverte, Bouillotte s’enfuit. Flavie, son petit frère Marius et Armand partent à sa recherche. Ils arrivent à une propriété un peu délabrée occupée par une vieille dame aussi laide que farfelue… Hésitant entre peur et curiosité, les enfants pénètrent dans la maison. Ils en ressortiront éclairés sur eux-mêmes, leurs personnalités transformées.
A la lecture de la postface de ce court roman écrit en partenariat avec des classes dans le cadre du Prix des Incorruptibles, on comprend que Gaia Guasti a réellement écouté ses lecteurs et leurs suggestions, et cette générosité finit d’enchanter une histoire déjà merveilleuse. Les chats pour le mystère et la touche subtilement fantastique, la maison pour décor artistico-magique, la vieille Marguerite en figure du sage, les enfants enfin, pour exprimer le frisson, l’interrogation : toutes les conditions sont réunies pour balader le lecteur ravi et effrayé à la fois. L’auteure aurait pu broder jusqu’à l’absurde, elle a choisi la voie de la révélation intime, comme une aventure initiatique. Suite à la visite de la maison et de ses différentes salles, Armand ose dire non, prend son indépendance, et Flavie réalise qu’elle ressemble furieusement à son acariâtre grand-tante. Cette dernière, inquiète sous ses grands airs, arrive d’ailleurs sur la fin et reconnaît Marguerite. Les deux dames vont renouer avec leur passé et en régler les comptes : l’avenir s’annonce paisible et neuf pour tout le monde. Solide, inventif, frais et malin, ce petit roman séduira immanquablement – pour peu qu’on aime les chats !