La graine du petit moine

Ce conte se déroule dans un monastère de Chine, où un maître demande, un jour, à ses trois disciples de prendre chacun une fleur d’un lotus vieux de plus de mille ans et de les faire pousser. De concert, les trois jeunes disciples s’exécutent. Le premier, prénommé Ben, veut être le premier à faire germer la graine. Le deuxième Jing s’enquiert de tous les livres existants pour en apprendre plus sur la culture du lotus. Quant au troisième, An, il conserve la graine dans une sacoche accrochée sur sa poitrine, et continue de vaquer aux tâches qui lui sont attribuées. Il se rend notamment au marché pour faire les courses, il déblaie la neige tombée dans la cour du monastère ou prépare la soupe de riz comme à l’accoutumée. Ce n’est qu’une fois que le printemps arrive, que « dans un coin de l’étang, An plante sa graine. » Le suspense est insoutenable : qui des trois disciples parviendra à faire germer la pousse ?

La morale de ce conte traditionnel chinois entend démontrer aux jeunes enfants que humilité et patience sont seules sources de sagesse. " Rien ne sert de courir, il faut partir à point ", nous enseigne quelques siècles plus tard La Fontaine en France ! Et c’est cet adage que An illustre au pied de la lettre avec cette aventure.
A l’heure de la surinformation, dans une société où l’humain se doit d’être constamment disponible et surtout pressé, cet album délivre un message empreint de lenteur et de sérénité. Paradoxalement, le classicisme des illustrations, notamment le fond ocre caractéristique des arrière-plans, rend intemporel et terriblement moderne la leçon transmise à travers ce conte aux jeunes lecteurs. A eux donc de lire entre les lignes, d’écouter la nature et de faire l’expérience du temps qui passe, pour saisir « le bon moment », celui qui leur permettra de réaliser leurs rêves.