La Maison du scorpion

Matteo Alacran (scorpion en espagnol), dit El Patron, 140 ans, règne sur un empire de la drogue, Opium, situé entre le Mexique et les Etats-Unis. Là, les champs de coca sont cultivés par des paysans programmés génétiquement, mais face à cette modernité, la vie se déroule comme au XIXème siècle, dans la jeunesse d’El Patron. Ce dernier survit grâce aux greffes d’organes de clones décérébrés destinés à la mort. Matteo, un de ces clones, fait figure d’exception : El Patron a décidé le laisser penser, vivre, de l’éduquer, pour ne lui prendre sa vie qu’en cas de besoin. Mais quand ce jour arrive, Matteo s’enfuit, tombe dans un camp d’orphelins à la frontière mexicaine. A la mort d’El Patron, il revient en Opium, se débarrasse des héritiers et prend la tête de l’empire, en vue de le démanteler.

Nancy Farmer met en place, dans un territoire enclavé et autarcique, tout un univers cohérent. Le pays d’Opium est digne d’un jeu vidéo. Les paysages de déserts créent une ambiance de fin du monde, futuriste, confirmée par les technologies génétiques employées, et contrebalancée par la vie rustique des habitants. La Maison du scorpion est une histoire touffue et dense, longue mais sans longueurs (l’auteur a néanmoins pris la précaution de présenter tous ses personnages et de faire figurer un arbre généalogique de la dynastie des Alacran au début !). Il s’agit d’une véritable saga mafieuse. Le récit, calqué sur la vie de Matteo, est retranscrit par un narrateur impersonnel. Ce faisant, le lecteur prend de la distance par rapport au héros Matteo : il est certes sympathique et honnête, mais aussi colérique, parfois violent (voir son comportement avec la petite Maria). . En favori qui passe devant les héritiers, son attitude est fière, dominatrice. Il est avant tout le clone d’El Patron et à ce titre reproduit le même caractère.

Un gros roman pour l’été, avec en toile de fond une interrogation sur la liberté, que l’on aurait tendance à oublier face à tous les rebondissements. La Maison du Scorpion a remporté aux Etats-Unis le National Book Award for Young People’s Literature en 2002.