La moustache de Monette

Pauvre Monette ! On la découvre un livre entre les mains, regardant par-dessus son épaule les enfants qui s'amusent dehors. Serait-elle enfermée contre son gré ? Non, le texte nous apprend qu’elle est craintive et qu’elle se console en lisant. A voir son regard attiré par les autres, il n’est pas sûr que la consolation soit à la hauteur de ses envies. La compagnie de ses amis de peluche ou l’aide du coloriage ne semblent être que des palliatifs décevants.

C’est pourtant un livre, celui du Géant à moustache, qui va l’aider à sortir de sa timidité.

Il y a un vrai bonheur de l’illustration, l’héroïne est vraiment touchante. Ses petits pieds chaussés de rouge tout comme sa robe un peu courte et ses cheveux noirs lui donnent un air mutin. Elle semble bien enfantine parmi les autres gamins moqueurs. Caroline Fontaine-Riquier rend sensible la dureté des situations avec des images un peu surannées, intemporelles : une lutte sourde du petit contre les forts.

Le thème du géant qui aide le faible, le renversement de situation où le faible vient au secours du géant sont des thèmes assez fréquents mais il y a ici une douceur, un jeu du réel et du rêve qui convainquent totalement. Les moments de moqueries à l’encontre de Monette très durs, alternent avec le désarroi du géant qui a perdu sa moustache talisman et leurs angoisses s’apaisent dans la rêverie commune face au cosmos. Assis de dos, le géant, le dragon et la petite Monette offrent au lecteur une image de sérénité réjouissante, une victoire remportée ensemble.

La réalisation plastique pleine de charme (couleurs, découpages, formes rondes et pleines) associée à la délicatesse du texte chantent les pouvoirs de l’imaginaire et l’aide qu’on peut y trouver pour vivre. Faire de ses faiblesses une force, telle est la morale de cette histoire à mettre entre toutes les mains !