Paru en 1999, le roman est réédité dans la collection « Wiz » à laquelle il sied fort bien. L’intrigue est minimaliste : au cœur du divorce de ses parents, écrasée par un frère en pleine adolescence, une fillette se perd dans la forêt. Elle va trembler de froid, se blesser, crier de faim et pleurer de désespoir, mais aussi survivre pendant sept jours en errant alors qu’une mystérieuse « bête » la suit.

Comment résiste-t-elle ? Grâce à une petite radio portative qui retransmet des matchs de base-ball au cours desquels elle s’attache à son joueur favori, Tom Gordon. Au bout de quelques jours d’hallucination, le joueur prend vie dans l’esprit de la fillette et la soutient contre « la bête », le « dieu des égarés »… sans doute ni plus ni moins que ses peurs.

L’histoire pourra sembler longue à un amateur de frissons rapides, car l’action est fondamentalement lente. Il faut donc stimuler son imaginaire, se figurer la forêt immense, se glisser dans la peau de l’héroïne suivie par un narrateur externe. Dans la peau mais aussi et surtout dans la tête ! Ce sont des pensées de la petite fille, et uniquement d’elles, que surgit la peur, car la nature n’est pas foncièrement hostile, et même au contraire nourricière. Le fond de divorce n’est pas innocent dans le réveil de « la noire idole qui hante les cauchemars d’enfants » (p. 255), ni dans le choix de converser avec un sportif relié au père absent. Rajoutons quelques graines de culture américaine – les gâteaux, les appareils technologiques – et tout Stephen King est là.

Sophie Pilaire

Présentation par l'éditeur

Le monde a des dents et quand l’envie le prend de mordre, il ne s’en prive pas. Trisha McFarland avait neuf ans lorsqu’elle s’en aperçut.
Quand elle se perd au cours d’une marche sur la piste des Appalaches, Trisha se retrouve à la merci de la forêt, piégée dans un labyrinthe vert et marécageux. Alors que les heures défilent, la petite fille fait face à une peur qui grandit, tente de la posséder : et si on ne la retrouvait jamais ?