La porteuse de mots

Porteuse d'eau dans les rues parisiennes, Pernelle rêve d'apprendre à lire et écrire. C'est bientôt chose faite avec un jeune étudiant italien de la Sorbonne, Enzo. Mais les malheurs accablent la famille de la jeune fille : son père, qui travaillait sur la Seine, décède de maladie, et sa mère est accusée de sorcellerie par des voisins, emprisonnée. Pernelle va essayer de la sauver en gagnant de l'argent avec la vente de manuscrits apportés en Italie. A Venise, Pernelle devient l'employée d'un autre fameux imprimeur, Aldo Manuzio.

Anne Pouget nous plonge avec vérité dans le Paris de la fin du XVe siècle, celui des petites gens comme celui des intellectuels de l'époque, les deux se croisant souvent dans la pauvreté (voir les conditions de vie de certains étudiants). Solidement documenté, le roman ne lasse jamais par ses aspects didactiques bien intégrés, mais manque peut-être d'un dynamisme, ou plutôt d'une vivacité dramatique. Les rebondissements sont là, et pourtant s'enchaînent avec un effet « miraculeux » qui peut étonner. L'héroïne est pleine de charme, les personnages - certains historiques – autour d'elle souvent bienveillants, et c'est peut-être l'emploi du narrateur externe qui empêche d'adopter complètement cet univers historique. Reste la démonstration par l'exemple d'une période charnière faite de foisonnement scientifique et de découvertes techniques, voyant basculer l'Europe dans la modernité et la diffusion des connaissances.