La roche qui voulait voyager

« Depuis qu’elle avait appris qu’on la considérait comme un être inerte, l’énorme Roche était révoltée. Comment l’espère humaine pouvait-elle à ce point se méprendre à son sujet ? »

Afin de réparer cet affront, la Roche se met en tête de convaincre le Géologue qui l’étudie, qu’elle est bien vivante, afin que ce dernier dévoile cette découverte au monde entier ! Ayant grand besoin et également une profonde envie de bouger, elle lui propose en outre de l’accompagner dans cette mission. Au lieu de répondre favorablement à la requête de la Roche, le Géologue éclate de rire. Avec force vanité, il exhorte même la Roche à se taire sur le champ et à le laisser poursuivre tranquillement ses recherches. C’était évidemment se méprendre sur la Roche et faire fi de son opiniâtreté. La Roche poursuit donc son argumentaire. Acculé par la ténacité de la Roche et par le caractère saugrenu de sa demande, mu par une soudaine et profonde colère, le Géologue porte alors un coup énorme avec son marteau sur la pierre, la brisant en deux ! Sans le savoir, le Géologue vient d’exaucer le vœu le plus cher de la Roche… Lui permettre de voir le monde !
Nono Granero et Géraldine Alibeu offrent ici à leurs lecteurs un conte philosophique des plus savoureux. La personnification de la Roche mise en regard avec l’anonymat du Géologue, seulement désigné par sa profession, rend d’emblée la pierre plus sympathique et attachante. Quant à la description en mots et en collages de l’odyssée de la pierre, au cours duquel elle apprend la générosité, l’amitié et fait l’expérience de la Nature, elle révèle toute la poésie de l’intrigue, délivrant avec légèreté un sincère mélange de tolérance.

Voyage, amitié, différences se veulent ainsi les maîtres-mots de cet album très réussi !