La Satanormaléficassassinfernale potion du Professeur Laboulette

31 décembre, 17 h 00. Le magicien Belzebub Laboulette et sa tante la sorcière Tyrannie Vampiral s’inquiètent : ils ont jusqu’à minuit pour atteindre leurs objectifs de mauvaises actions, sans quoi Satan en personne viendra les chercher… Ils s’allient afin de réaliser une potion maléfique qui réalisera leurs vœux les plus affreux. C’est compter sans Maurice le chat et Jacob le corbeau, deux envoyés du Haut Conseil des Animaux, piètres espions mais prêts à tout pour sauver la planète, avec l’aide inopinée de Saint Sylvestre.

Cet inédit de Michael Ende, écrit en 1989, illustre encore la fantaisie, l’humour et l’imagination prolifique de l’auteur, aussi bien que la grande qualité de son écriture (rendue grâce au traducteur Jean-Claude Mourlevat). A commencer par le titre, mot-tiroir qui donne lieu à un encadré explicatif de deux pages (pp. 110-111). Le texte est entrecoupé de chansons des sorciers, de morceaux de parchemins, d’intrusions d’un narrateur externe malicieux qui appelle à la raison son lecteur. Même le chat s’y met : « […] d’ailleurs, même si quelqu’un le leur disait, ils prendraient ça pour un conte. » (p. 278). Cette variété d’écriture, et un changement régulier des points de vue, assurent l’intérêt d’un récit linéaire bien rythmé, mais dont la fin ne fait jamais aucun doute. La simplicité de l’intrigue permet également à l’auteur de créer deux beaux personnages : un corbeau séducteur avec des « rhumatissimes », au parler un peu vulgaire, et un chat distingué et douillet, chanteur d’opéra. Leur relation est détonante, et ils passent autant de temps à se quereller qu’à chercher une solution et agir. Jeunes comme plus âgés trouveront leur bonheur avec une lecture souvent possible à deux degrés : le roman a ainsi un volet écologique – les sorciers ont une forte propension à vouloir souiller les eaux des mers et des lacs -, un autre plus ou moins anti-capitaliste, de même que des aspects provocateurs (« L ucifer S alto D imensionnel – On doit l’injecter directement dans le sang, expliqua-t-il. », p. 196). A avoir dans tout bon fonds de bibliothèque ou de librairie, et à offrir à la lecture dès 10 ans.