La vie cachée de la forêt

Magnifique, ce grand livre de 27 cm sur 33, s’ouvre sur le début d’un conte : « Au fin fond des forêts, là où les arbres ont si longtemps vécu que leurs branches ont les doigts crochus… ». Et tout de suite, une surprise, sous l’apparence d’une chaumière, se déplie : un livret complet qui présente celle sans qui rien n’arriverait jamais, la Sorcière ! Suit une série de doubles pages où Henri Galeron s’en donne à cœur joie pour faire vivre le peuple des contes de fées, dans une déclinaison de volets à ouvrir et refermer sur leurs secrets, la vie des gnomes, celle des lutins à chapeau pointu, celle des elfes aussi… Le texte résonne comme une mélopée qu’on scanderait d’une voix douce et grave à la fois. Mais tout le monde n’est pas si petit, et les géants comme les ogres ont aussi droit à la reconnaissance des deux auteurs. Sauf que là, c’est un monde gigantesque, qui s’étire jusqu’à la canopée, poursuit Marie-Agnès Gaudrat la conteuse, et ouvre le livre vers des univers monstrueux qui font rire et frissonner l’auditoire spectateur. Chaque détail est un lien entre les êtres vivant ici, une ouverture vers ceux qui n’ont pas encore été cités, et qu’on découvre ensuite. La forêt et son tapis de mousse verte, le brun des troncs dans la nuit, le ciel bleu qui s’invite à travers les feuillages frémissants et illuminés de soleil, recréent pour les petits l’univers enchanté des contes de fées. Un très joli moment de lecture prolongé par l’observation de la couverture où l’on s’amuse à retrouver tous ceux qu’on a croisés dans l’ouvrage. Enchanteur.