La vie en couleur

En dessinant dans la rue à même le sol, « parce que les feuilles de papier, c’est trop petit », Gabriel semble vouloir commencer une carrière d’artiste. Mais personne ne prête attention à son travail et même la pluie s’en mêle. Heureusement, surgit Hippolyte, un peintre en fin de carrière qui lui propose de venir à son atelier. Pour Gabriel, c’est la révélation, en même temps que la naissance d’une belle amitié. Avec Hippolyte, tout semble possible et, bientôt, le peintre lui propose même de l’aider à réaliser sa grande œuvre : L’île aux perroquets. Mais Hippolyte se fait vieux et annonce un jour qu’il va se retirer. Sa maison est vendue à une « dame très élégante » qui accueillera à son tour le jeune garçon et l’encouragera à devenir peintre.

Cette histoire chargée d’émotion est un pur moment de plaisir. Avec Gabriel, on rêve dans ce grand atelier foisonnant de vie et de végétation, propice à enflammer l’imagination. Beaucoup de peintres ont commencé ainsi leur carrière par des rencontres décisives et c’est ce qui arrive précisément à Gabriel. Mais l’album apprend aussi à tourner des pages quand on voudrait pourtant que les bons moments durent éternellement.

Illustratrice néerlandaise, passionnée par le dessin depuis sa plus jeune enfance et mariée à un peintre, Sanne te Loo parle ici d’un sujet qu’elle connaît bien. Bien qu’avant tout illustratrice, elle a signé le texte de cet album paru aux Pays-Bas en 2017, sous le titre Ceci est pour toi (Dit is voor jou). Sa palette richement colorée, qui contraste avec les tons sépia du début, a inspiré pour l’édition française, chez Minedition, un autre titre, La vie en couleur, et c’est plutôt bien choisi.