Lampedusa

Une petite ou toute jeune fille raconte : son enfance heureuse dans un petit village niçois, puis la disparition brutale du père et l’arrivée dans un appartement exigu, trop urbain… Le projet de vacances de la mère, sur l’île de Lampedusa au nom si prometteur, est définitivement abandonné. Heureusement, une vieille voisine native du quartier va livrer un peu de sa vie à la narratrice et lui permettre d’apprivoiser son nouvel environnement.
Autre chapitre de ce court roman, c’est la rencontre à l’école d’une jeune Africaine, réfugiée de Djibouti via… l’île de Lampedusa. Etrangère, solaire, Fadoun n’est pas acceptée par les autres enfants ; notre héroïne intriguée va l’apprivoiser, jusqu’au jour où…

Maryline Desbiolles s’empare à la fois d’éléments personnels et de l’actualité dans ce court roman d’une fragilité, d’une poésie d’écriture qui cachent sa grande force émotionnelle et son engagement. Les deux parties s’attachent successivement à des drames intimes, dont l’un n’aura jamais qu’une portée familiale tandis que l’autre se comprend en tant que phénomène social – la fin est cruellement ouverte. Lampedusa, lieu tour à tour idéalisé et terrifiant, sert de seul lien entre les deux mouvements : l’idée aurait pu paraître forcée et gêner le récit, mais son caractère justement de « fausse coïncidence » redonne à cette narration si étrange un côté terre à terre qui fait mouche. Le lecteur se laisse bercer par la langue puissante, les répétitions d’écriture qui ressemblent parfois à un roulis de vagues. Et curieusement, finalement, sur des sujets austères et avec un minimalisme éclatant, Maryline Desbiolles crève nos cœurs en douceur…