L'ange de Saint-Privat

Paris, 1868. Antoine Littenbach, jeune artiste rebelle, est accepté dans l’atelier du célèbre peintre académique Jean-Baptiste Gott. Les deux hommes se défient autant qu’ils s’admirent : Jean-Baptiste a du talent, Antoine certainement du génie. Au même moment, Gott entame le portrait de la fille du général Danrémont, et tombe sous le charme de la jeune fille. Mais Littenbach aussi…
Art, génie et folie (souvent pas loin de la mort) sont étroitement imbriqués, que ce soit dans des œuvres de fiction - en tête L’Œuvre de Zola, Le Chef-d’œuvre inconnu de Balzac, voire le Portrait de Dorian Gray de Wilde - ou dans la réalité. Florian Ferrier reprend le thème pour un roman de forme classique mais captivant, qui permettra de pénétrer dans les arcanes de la culture sous le Second Empire. On y croise quelques personnages retenus ou non par l’histoire, des critiques Théophile Gauthier et Paul Mantz jusqu’à Manet, Courbet et autres tenants du Salon des Refusés. La vie d’un atelier, les exercices de style (pompier), les sujets privilégiés, les commandes officielles et les autres, les dessous des sélections… un narrateur omniscient nous rend perceptible toute une organisation très formalisée, en même temps que la misère du débutant qui doit oublier son originalité s’il veut percer. Et si l’histoire se mêle aussi d’amour et de guerre, c’est pour montrer une fois de plus les injustices sociales liées à la naissance. Dans ce contexte, le jeune héros Antoine n’est paradoxalement pas plus sympathique que Gott, lequel inspire une certaine compassion au fur et à mesure qu’il s’enfonce dans la folie. On retiendra volontiers la figure de Valentin, jeune vendeur de journaux qui vit avec Antoine, prêt à tout pour aider son ami à exprimer son art. Un roman bien tourné, très documenté, sur une période et un aspect de l’histoire française pas souvent explorés en littérature jeunesse.