Igor habite avec Odette et Louis, ses parents adoptifs, une ferme d’un petit village de Creuse. Il prend le car tous les matins pour aller au collège, rumine les attaques dont son caractère trop calme fait l’objet, accompagne Odette au marché les samedis, hésite après la jolie Marie qui s’intéresse à lui. Solitaire voire taciturne, Igor a un secret : il a été séparé de sa jumelle à l’âge de neuf ans, après la mort accidentelle de leurs parents. A défaut de pouvoir retrouver Emma elle aussi adoptée, Igor se prend d’affection pour un chien, justement baptisé Amigo.
C’est un roman du presque rien, avec un temps qui passe lentement, comme au rythme de la campagne – quoique cet aspect ne soit pas accentué. Igor raconte au présent ce qu’il vit, ce qu’il ressent, et son récit alterne abruptement avec des séquences de souvenirs, juste avant la séparation de sa sœur adorée. Ces moments dramatiques du passé sont ceux qui bloquent Igor et l’empêchent de grandir, d’aller vers les autres. Trop de fois blessé dans ses sentiments, le jeune homme préfère confier son cœur à un animal, comme lui un peu perdu. Au fil du roman, c’est encore une fois un presque rien, une rencontre inopinée et un nouveau secret levé, qui vont permettre au jeune homme de comprendre que, s’il ne peut plus revenir en arrière, il peut encore façonner son avenir, en compagnie d’Odette et Louis qui l’aiment, et aussi d’Emma, loin des yeux mais près du cœur. L’espoir résiste, en dépit des fêlures… Finement écrit, un joli roman sur la filiation.

Sophie Pilaire

Présentation par l'éditeur

« Vous le saviez oui ou non ? Je me rends compte que je crie presque malgré ma voix qui s’étouffe d’émotion. Qu’est-ce que vous saviez sur moi ? Je respire vite, j’attends. Odette bafouille. Qu’est-ce que tu veux qu’on sache qu’on aurait à te dire de plus que tu ne sais déjà mon pauvre. La colère me monte d’un coup violente et me jette sur mes pieds. Je ne suis pas ton pauvre. Vous saviez, vous m’avez menti, vous m’avez tout caché comme si j’étais idiot, un jouet dans un magasin. La rage me brûle les yeux, j’attrape mon manteau, je sors en claquant la porte ».