Le Bonheur de Kati

Kati vit une enfance paisible dans la nature thaïlandaise avec ses grands-parents. Ecole, bons repas, promenades rythment ses journées. Seule lui manque sa maman… Elle est atteinte de la maladie de Charcot, paralyse progressive des muscles. Kati la rejoint pour un dernier adieu. Puis, son oncle l’emmène dans l’appartement de Bangkok où elle a vécu toute petite. Kati se trouve alors face à un dilemme : essayer ou pas de contacter son père américain. Elle décide de rejoindre la maison de ses grands-parents.

Jane Vejjajiva est traductrice littéraire d’œuvres européennes en langue thaïlandaise : c’est peut-être ce mélange des cultures qui donne à son premier roman Le Bonheur de Kati une manière d’approcher les événements qui semblera très proche de nous. La vie de Kati n’est certes pas celle d’une petite fille occidentale : cuisine exotique, rituels aux dieux, nature exubérante rappellent que nous sommes dans des contrées lointaines. Mais la psychologie des personnages est rendue de telle façon que le processus d’identification fonctionne parfaitement pour un jeune lecteur français, et ce malgré un narrateur omniscient a priori impersonnel. L’expression des sentiments est simple, directe, sobre mais sans cette réserve extrême ni des croyances religieuses particulières que l’on retrouve dans l’idée de certains usages asiatiques. La mort est dite clairement, la souffrance qu’elle provoque aussi. Sous des dehors fragiles et surprotégés, Kati est une héroïne très solide et capable de décisions importantes : l’amour de ses grands-parents lui a donné la force nécessaire pour affronter les événements extérieurs. On appréciera par ailleurs la construction soigné de l’histoire, trois parties pour trois lieux, des phrases introductives indépendantes qui se lisent de chapitre en chapitre pour former une sorte d’histoire parallèle. Un ouvrage émouvant, des thèmes universels (la maladie, la recherche du père) : Jane Vejjajiva est un auteur à connaître.

N.B. : un regret tout de même, Le Bonheur de Kati est traduit en français à partir de sa traduction anglaise…