Le chant des loups

Il y a fort, fort longtemps, lorsque toutes les créatures de la Terre vivaient en harmonie, le regard des loups veillait sur le monde. Lorsqu’ils chantaient, les animaux tendaient l’oreille et se taisaient afin d’accueillir la beauté de leurs histoires.

Mais un jour, les Deux-Pattes, effrayés par le pouvoir des loups, font irruption dans la forêt et tuent une bête, puis deux, puis plusieurs... jusqu’à ce que les loups décident de fuir, emportant avec eux la magie de leurs contes. La vie se vide alors de sa lumière ; sans histoires pour les lier, les animaux et les humains oublient comment se parler et se terrent dans un sombre silence. Soucieux de rétablir l’équilibre, les ours réunissent les animaux et les Deux-Pattes. Qui serait suffisamment courageux pour retrouver les loups et demander leur pardon ? Tandis que les Deux-Pattes se dérobent, deux voix s’élèvent : Petite Fille et Vieille Ourse se proposent pour un voyage qui durera plusieurs saisons jusqu’à ce qu’elles parviennent enfin au refuge des loups, au fin fond de la nuit. Petite Fille devra puiser dans sa réserve de mélodies, évoquant la beauté fragile de la vie et l’espoir d’un monde meilleur, afin de regagner la confiance du peuple des loups et les prier de réenchanter l’univers de leurs histoires.  

« C’est une histoire de pattes et de fourrure, une histoire qui se murmure. » Ainsi commence Le chant des loups, un splendide conte qui traite de l’importance des histoires, réelles ou imaginées. Au travers du vide laissé par les loups, on comprend la souffrance générée lorsque les histoires sont tues ; on assiste à la force réunificatrice des histoires lorsque la meute revient et qu’une place lui est rendue afin de partager son chant. Poétique et mélodieux, le travail d’Alice Liénard célèbre le pouvoir créateur des mots, offrant autant l’opportunité d’évasion et de rêve que celle de guérison et de lien.

Le respect du monde sauvage et notre perte de connexion avec la nature se retrouvent également dans le texte : une Nature que Marine Schneider honore à l’aide de ses pinceaux. À chaque page, la beauté de l’écrit miroite celle de l’illustratif, qui passe de grands espaces finement travaillés à des scènes miniatures dont se détachent les silhouettes des personnages. Démontrant son talent pour les portraits animaliers au regard sage et tendre, l’illustratrice sublime le récit en immergeant Petite Fille et sa compagne Vieille Ourse au cœur de magnifiques paysages contrastés où feuillages et branchages se superposent aux profils des animaux.

Un immense coup de cœur pour cette heureuse collaboration ainsi que pour le premier album d’Alice Liénard, vivement la suite !