Le ciel est partout

Lennie vient de perdre brutalement sa soeur aînée Bailey. Elle se replie sur sa tristesse et dans une relation ambiguë avec Toby, le petit ami de Bailey. Elle tombe en même temps amoureuse de Joe, mais assume mal cette renaissance...
Jandy Nelson explore le deuil avec un grand D : les premiers temps désespérés, les stratégies tortueuses pour moins souffrir, les difficultés à voir la vie continuer, l'acceptation enfin pacifiée que la personne ne soit plus physiquement présente, mais symboliquement "partout dans le ciel". La narratrice Lennie se confie de manière déchirante, se débat au fil de ses pensées présentes (elle n'évoque pas trop de souvenirs). La cadette admirait tant son aînée qu'elle ne se concevait que dans son ombre, "poney de compagnie" d'un "cheval de course". Réussir à la clarinette, embrasser Toby prennent alors la valeur de revanches que Lennie elle-même comprend mal. Elle décide d'écrire, sème des poèmes au fil de ses déplacements dans le lycée, la forêt... et relit une énième fois Les Hauts de Hurlevent. Lorsque Lennie apprend que Bailey était enceinte, l'interrogation sur la filiation se rajoute à son chagrin, la mère des deux filles étant partie lorsqu'elle étaient toutes petites. L'enchevêtrement des situations et des sentiments n'empêche pas une lecture limpide entre récit pur et poésies de Lennie ; on s'attache très fortement à cette jeune fille au fond équilibrée et heureuse de vivre. Flirtant sans dérives avec le larmoyant, le roman est capable de passionner filles et garçons à partir de 14 ans.
A lire aussi : Où que tu sois... de Jackie French (Flammarion, collection Tribal, 2005)