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Date de publication
Age-cible

Le courage du papillon

Sélection des rédacteurs
Roman
à partir de 15 ans
: 9782226189523
13.00
euros

L'avis de Ricochet

Cinq sœurs, Beauty, Mimi, Faithful, Fancy et Autumn, vivent chichement avec leurs parents dans une petite ville de province américaine. Chacune a son caractère, ses désirs d’avenir… On se dispute beaucoup mais on s’aime au fond. Un homme solitaire, étrange, les observe partir en cours chaque matin. Un jour, Autumn, la plus jeune, se perd en ville et demande par hasard de l’aide à cet homme. C’est le début de l’horreur.
Aux premières pages, les références de lecture sont nombreuses : Les Quatre Filles du Docteur March de Louisa May Alcott, Virgin Suicides de Jeffrey Eugenides, Quatre Sœurs de Malika Ferdjoukh… Et puis le roman prend son ton propre, ne serait-ce que dans sa construction. Quatre points de vue alternent en chapitres de quelques pages, reconstituant chronologiquement les événements. La première héroïne est Beauty, l’aînée, qui aspire à fuir sa ville natale ; elle est suivie par un narrateur externe focalisé sur ses pensées. L’homme anonyme apparaît tout de suite, un autre narrateur externe nous dévoile sa vie avec ses deux chats, toute en rituels et habitudes déjà inquiétants. Autumn est elle racontée par un « tu » dans ses allers et venues entre l’école et la maison. Petite fille introvertie, elle se révèle très sensible, un peu écrasée par ses aînées, en particulier la fantasque Faithful. Fancy est enfin la seule à utiliser le « je », alors qu’elle enregistre au magnétophone ses petits bonheurs et malheurs ; un peu simple, elle ne comprend pas toujours ce qui se passe autour d’elle. De l’une à l’autre narration, un suspense s’installe, jusqu’au drame brutal, sur lequel on aura pourtant longtemps hésité. A partir de ce moment, les chapitres et les phrases sont encore plus courts, comme haletants et définitifs (le « tu » consacré à Autumn prend toute sa pertinence, ainsi que la naïveté de Fancy qui sert de contre-point). Ce qui se passe entre Autumn et l’homme n’est jamais clair, simplement suggéré pour encore plus d’émotion. Des coupures de journaux servent d’ellipses dans l’avancée de l’enquête et la voix des quatre sœurs restantes s’entend alors relativement peu. Passons la résolution pour ne pas dévoiler le roman, mais on appréciera un temps final dédié à l’ « après », où l’on imagine la lente reconstruction d’Autumn. Des personnages et des relations rendus précisément, une écriture sensible et pudique emportent le lecteur dans cette histoire hyper-réaliste : le fait divers cauchemardesque devient littérature.