Le Cracheur de feu

1962, dans une petite ville d’Angleterre, au bord d’une mer pleine de charbon. C’est la crise de Cuba, le monde est incertain. A 11 ans, Robert, issu d’un milieu modeste, intègre un collège prestigieux à la discipline de fer. Tous ses amis ne l’y suivent pas. Il rencontre un jour McNulty, cracheur de feu errant, rendu un peu fou par la Guerre, et essaye de l’aider. Avec son nouvel ami Daniel, Robert se révolte contre un surveillant du collège ; ils sont renvoyés, mais ne regrettent rien.

Le Cracheur de feu est un ouvrage tout en impressions. On se laisse littéralement porter par le récit de la vie quotidienne de Robert. Des petits événements se succèdent pour former une trame complexe de sentiments, ceux éprouvés par le héros. Dans un contexte international troublé, dans un pays qui se débat encore avec son passé, le petit garçon vit des problèmes particuliers qui le font entrer dans l’âge de l’adolescence : coupure avec l’enfance, découverte d’autres sphères sociales, apprentissage de la fragilité des parents (via la maladie du père) et des adultes, découverte de l’amour avec Ailsa… Robert s’affirme en tant qu’être humain libre de décider de ses actes, et d’accepter leurs conséquences (« Si ; Mais ces choses sont advenues, […], et l’histoire est ce qu’elle est. », p. 282). Mc Nulty, figure éphémère et émouvante, pourrait symboliser un monde qui passe, et l’espoir d’un avenir plus juste.

Après Le Jeu de la mort, qui abordait déjà ce thème du temps qui passe et défait doucement les choses dans un sens toujours espéré meilleur, David Almond confirme une voix originale et sensible dans la littérature de jeunesse, que l’on ne peut que conseiller. Le Cracheur de feu est destiné à des lecteurs déjà aguerris, alors que l’intrigue du Jeu de la mort, plus structurée, offre un accès assez facile.