Le Dernier Eté

Comme tous les étés, Chiara va au bord de la mer. Mais cette année, elle a 13 ans et observe le monde différemment : le beau maître-nageur, les enfants plus jeunes, qu’elle rassemble comme une mère… Les derniers jours tragiques la feront entrer de plain-pied dans l’adolescence.
Le temps est comme en suspens dans ce roman très introspectif : la narratrice Chiara glisse de jour en jour au fil de ses réflexions et des petites déambulations de la troupe d’enfants qu’elle dirige. L’imaginaire règne, à travers notamment un géant, personnage d’une des rédactions de l’héroïne, qu’elle fait vivre aux yeux des plus jeunes. A la recherche d’elle-même, Chiara hésite à quitter l’enfance, disant subir la présence des petits tout en les recherchant, regardant de loin son ancienne amie Ludovica transformée en femme. Elle est toutefois consciente de l’incertitude de son comportement : « […] ,si mes treize ans étaient normaux, […] » (p. 149), « […] , je suis une espèce de Moitié-et-Moitié. », p. 115). Leader du groupe, elle entraîne les enfants dans des escapades qui manquent souvent de mal tourner, et qu’elle raconte avec une neutralité un peu effrayante : le comportement dangereux des ados ? La situation n’est pas destinée à perdurer, et Chiara va donc évoluer. Eventons le secret : c’est la mort du maître-nageur qui va la faire basculer et accepter, dans une dernière page très lyrique, le passage du temps. Le lyrisme revient d’ailleurs souvent et agace, mais ne saurait cacher une finesse et une justesse extrêmes dans la relation des sentiments que l’on a à cet âge « entre-deux » : par des petits détails, des façons d’aborder les événements, Béatrice Masini fait surgir des pages le malaise de l’adolescence. Pour lecteurs confirmés.