Le Fils du marin

Dans une petite ville du bord de la mer Baltique, Hans Kirch a construit sa fortune à la sueur de son front, et il entend bien voir son fils, Heinz, reprendre le flambeau. Heinz doit prendre la mer. Il se querelle le dernier soir avec son père, à propos de sa petite amie Wieb. Parti, il ne donne quasiment plus de nouvelles, et le père refuse son unique lettre. Presque vingt ans plus tard, un étranger revient et se présente comme le fils de Kirch. Mais s’agit-il vraiment de Heinz ?
Theodor Storm est un écrivain allemand du XIXème siècle. La simplicité et la perfection de son style, l’aspect universel de ses histoires ont traversé les ans. Tragédie implacable, Le Fils du marin est une exploration des conflits entre générations : le père, entêté dans ce qu’il croit être la vérité, refuse toute liberté, tout choix de vie à son fils. Ce faisant, il le brise et le perd. Sans longueurs, avec de nombreuses ellipses, le narrateur externe suit simplement le quotidien des quelques personnages : les faits parlent plus que toutes les introspections possibles. Les ressorts psychologiques (les plus inavouables) sont ainsi montrés dans des scènes « choc », toujours courtes et expressives : celle du refus de la lettre est un modèle du genre. Dans une fin toute en nuances, la tradition, à travers le gendre de Kirch, triomphe sans gloire, tandis que le père se retourne vers le passé. Ecrit dans ses dernières années, ce roman est aussi un peu l’histoire de Theodor Storm, qui avait coupé tout contact avec un de ses fils, et devait certainement le regretter… Pour lecteurs motivés, ou à étudier en classe.