Le lavocochon

Plaisir d’être sale, plaisir d’être propre ; machines fantastiques et constructions étranges tels sont les ressorts de cet album d’Arthur Geisert, le lavocochon. Héros de ce récit en images, les cochons élégamment vêtus dans un décor de vieille ville américaine rêvée, au milieu d’une nature tout aussi imaginaire, quittent leur maison pour aller jouer, patauger, se vautrer dans l’eau, le sable, la couleur… Après ces jeux régressifs, les mères veillent et, gardiennes ou sorcières, armées de leur balai, conduisent les petits cochons jusqu’à la grande laverie automatique d’où ils ressortiront propres comme des sous neufs avant d’être mis à sécher de façon très comique. Dans la tradition de l’illustration et de la littérature anglo saxonne, on pense à Maurice Sendak ou à Roald Dahl mais aussi aux aventures de Charlot pris dans les méandres du machinisme, on est saisi par l’ambiguïté des images, et du propos. Certes, les cochonnes préposées au nettoyage semblent bienveillantes et les cochonnets semblent heureux, mais entre sourire et grincement de dent, Arthur Geisert dessine un univers autoritaire, à la limite de l’étouffement. Une interprétation ouverte, à construire par chacun.