Le mort du noyer

Un inconnu est retrouvé mort, dévêtu, sous le noyer ancestral de la maison de retraite des Cimes bleues. Le commissaire Lafosse et son adjointe sont chargés de l'affaire. Celle-ci piétine rapidement. Trois retraités excentriques menacent même de trouver le coupable avant les policiers !
Un narrateur externe suit la moindre des pensées du commissaire, souvent retranscrites dans un discours indirect libre très fluide. Sa haine des romans et des films policiers, son goût pour les graines de tournesol, sa sensation d'une enquête surréaliste qui le fait s'énerver contre les retraités, son célibat mal vécu… nous sommes au plus près de ses raisonnements et tout concourt à créer un personnage savoureux, à la fois drôle, bougon et profond. Autour de lui gravitent une myriade de personnages également soignés : la fidèle et solide adjointe Fred, les employés méfiants de la maison de retraite, l'auteur de polars en résidence, et surtout le "trio infernal" de "petits vieux" fantaisistes mais au fond très roués. Un humour au second degré, délicieusement ironique, imprègne l'ensemble du livre (le commissaire invité par les fameux pensionnaires : "Il but une gorgée de thé. A la bergamote. Il l'aurait parié. Evidemment, il détestait.", p. 227). Quant à l'histoire, elle enchaîne les fausses pistes, les interrogatoires insolites et les soirées à l'hôtel pour notre héros. Claire Mazard maîtrise à la perfection son intrigue, entraîne le lecteur dans les recoins de ses développements, le perd pour mieux le retrouver dans une magistrale fin double. Un roman tout en clins d'oeils à Agatha Christie et aux maîtres du roman policier, et qui n'est d'ailleurs peut-être pas loin de les égaler, rapports d'autopsie sur I-pod en plus !