Le Moulin à paroles

Nous sommes heureux de retrouver Nicolas Bianco-Levrin à qui nous avons décerné l’an dernier le Prix Octogones dans la catégorie graphique pour son petit album « Simon sans nuit », sur des photographies en noir et blanc. Il nous présente cette fois un livre en couleurs, qu’il illustre lui-même, l’occasion pour nous d’apprécier la palette graphique de cet auteur-illustrateur. On retrouve dans cette histoire une thématique qui semble lui être chère : le poids de la solitude sur un personnage qui, d’une façon ou d’une autre, est coupé du monde, il s’agissait de la prison dans « Simon sans nuit ». Ici, c’est un moulin à paroles, au propre et au figuré, qui ne peut s’empêcher de raconter des histoires mais que personne n’écoute, les gens du village le chassent même de chez eux. Mais lorsque le moulin trouve un livre et qu’il commence à le lire à haute voix, l’effet est inattendu… Les illustrations à dominante de jaune, rehaussées par le fond noir de la page, suivent les errances du personnage, qui ressemble à un vieux moulin à café, dans une mise en scène dépouillée et efficace : peu de décors, peu de personnages, les images comme le texte se concentrent sur l’essentiel. Voilà un album qui confirme le talent d’un jeune auteur-illustrateur et qui nous le fait découvrir sous un jour nouveau, en attendant la suite.