Le petit cafard de maman

Dans une ambiance un peu sombre, terne, le narrateur, un petit garçon, ne comprend pas pourquoi sa maman reste dans sa chambre. On sent l’atmosphère lourde, la tristesse plane et la réponse donnée, « un petit cafard qui la fatigue », ne fait qu’alourdir l’inquiétude de l’enfant. C’est sur cette incompréhension et les efforts qu’il fait pour la lever que se construit l’album.

De façon progressive, l’enfant cherche des appuis autour de lui : sa sœur, son maître d’école, son oncle. Le récit bien construit nous entraîne dans une quête de sens auprès de sa sœur qui le laisse seul avec son interrogation. Certains adultes, cependant, aident le héros, comme le maître d’école, qui lui donne une clé : « un cafard c’est un insecte pas très beau qui va vite et qui aime les endroits pas propres ».

A partir de cet indice, le petit garçon cherche à chasser le cafard et ses tentatives saugrenues – essayer de le scotcher, partir en guerre en armure de chevalier – suscitent l’incompréhension de son entourage et restent inefficaces. On est amusé et ému par l’inventivité de l’enfant et son effort désespéré pour trouver une solution.

Au-delà de la seule dépression de la maman, la thématique importante du lien entre état des parents et conséquences pour l’enfant est traitée avec délicatesse dans le récit structuré de John Lavoignat soutenu par le trait fin de Sophie Jackson. Le cafard « habite » Maman et contamine l’esprit de tous. La haute taille de Papa, l’expertise de l’oncle n’y peuvent rien. L’équilibre final, où se concilient la mère et le monde, semble fragile à travers le sourire des protagonistes mais ce sourire existe et ce sera réconfortant pour les jeunes lecteurs qui peuvent s’identifier au héros.