Constantin est dans son lit, les yeux ouverts. Il veut voir venir les rêves. Mais « c’est le rêve qui nous choisit » et non l’inverse. Les paupières baissées, Constantin réfléchit à tout ce qui l’attend, s’inquiète de l’avenir, s’interroge et s’angoisse. Et puis du bout de la nuit surgit un songe. La scène se passe dans l’église d’un petit village, où est accroché un tableau. Un des personnages, un jeune page, s’éveille, se glisse hors de la toile et marche sur un chemin jaune, ruban de fête et de lumière. Tout est si facile dans cet univers-là. Le chemin dévale sous ses pieds, les éléments s’écartent devant lui…Il y a aussi une petite fille qui avance sans bruit. Dans son lit, Constantin dort toujours et voit venir à lui cette petite fille qu’il appelle Marina. De leurs bouches, s’envolent des milliers de baisers aussi doux que ce rêve silencieux. Le page assiste à ces échanges, donne aux amoureux un cheval pour qu’ils poursuivent ensemble leur chemin. Le page, lui, doit retourner auprès du roi, le personnage central du tableau, sur lequel il doit veiller pour que la paix demeure. A l’origine de cette histoire, une fresque de Piero della Francesca qui, un jour, a bouleversé l’illustratrice Nathalie Novi lors d’un voyage en Toscane. De cette rencontre est né ce bel album. Jo Hoestlandt en a écrit l’histoire. Nathalie Novi a mis tout son talent à illustrer ce « songe » aux scènes colorées. C’est aérien, le trait est souple, les éléments sont dispersés dans un esprit de liberté, il y a des visages sereins et un calme profond. Le temps est arrêté. Tout cela pour un résultat palpitant.

Pascale Pineau