le ventre du crocodile

Dans le monde des rêves, on se transforme. Dans le monde des rêves, on se fait peur. Et dans le monde des rêves, tout est possible. Notre héros décide donc de s’improviser singe dans la jungle. Il parvient à dompter un tigre, mais n’échappe pas au crocodile. Sa tête est avalée, le voilà au fond du ventre du saurien. Que de trésors ! Mais on étouffe. Heureusement, la mère du jeune intrépide intervient (dans le rêve ?).

C’est une drôle d’histoire perturbante, qui parle à l’inconscient, qui trahit les désirs et les craintes d’un enfant. Le jeune garçon invente et ose, tente et se fourvoie dramatiquement. Mais la mère in extremis sauve encore son fils, l’accouche une deuxième fois lorsqu’elle l’extirpe du ventre du crocodile. L’apprentissage est exemplaire : la jeunesse est faite pour essayer ses rêves et grandir, et les parents doivent rester en retrait, garde-fous aimants. Ainsi, le héros qui se qualifiait de « petit » au début de l’album termine en se déclarant « grand » ! Le dessin hyper-fin, les couleurs par touches offrent un effet de réel saisissant (voir la tête et les mains coupées) qui finit de rendre l’album déroutant et inclassable, « poil à gratter » en somme. J’ai pensé un peu, en bien, à Histoire de Julie qui avait une ombre de garçon de Christian Bruel et Anne Bozellec : la grande époque…