Le vieux sur la falaise

Les parents d'Antoine ont quitté Paris pour ouvrir un camping en Bretagne, au bord de la mer. L'adolescent serait ravi s'il ne devait s'occuper de sa petite sœur Malou, sourde. Depuis des années, il lui en veut de prendre toute la place dans le cœur de leur mère. De fait, Antoine ne fait que jeter un œil sur la petite malicieuse, qui finit par se mettre en danger alors que la marée monte. Un vieux pêcheur la sauve, au grand dam d'Antoine qui apprend la réputation sulfureuse du bonhomme : il y a vingt ans, sa fille et sa femme sont mortes en mer, et on l'a accusé de les avoir tuées. La journée finit avec une Malou sauve, toutefois bien décidée à remercier le pêcheur comme elle l'entend… Dès le lendemain matin, la petite fille échappe à nouveau à la surveillance de son grand frère.

De ce roman, on attendait peut-être une intrigue sombre, des mystères et des rebondissements soigneusement entretenus, voire pourquoi pas un peu de fantastique. Avec un narrateur omniscient se glissant dans toutes les situations et dans la tête des différents personnages, il n'en est rien. La teneur réaliste et psychologiste prend donc l'avantage, et des réflexions s'amorcent sur le handicap au quotidien, sur les rumeurs et les apparences, bref sur les représentations que l'on se fait des autres et les conséquences arbitraires qu'elles peuvent avoir. Le lecteur craint finalement peu pour la vie de Malou, mais consacre plutôt son empathie à un Yvan (le vieux pêcheur) perdu dans son passé, à un Antoine en train d'élargir ses horizons. Au centre de tout ce petit monde, Malou, surnommé « Sourire », pétille de gaieté enfantine. Si les attentes de lecture sont donc déjouées, le résultat reste plus qu'honorable.